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Interview de Stéphanie Roussel, nouvelle présidente de la CN46 de l’Afnor dédiée aux domaines de l’information et de la documentation

Biographie
Stéphanie Roussel est archiviste paléographe et conservatrice du patrimoine. Elle a travaillé dans le domaine de la collecte et de la conservation des archives publiques pendant plus de 7 ans. Elle a été chef du Bureau de l’Archivage Numérique, et des normes et des référentiels au SIAF - Service Interministériel des Archives de France. Elle est désormais experte indépendante au sein du cabinet Mintika, spécialisé dans la gouvernance de l’information numérique.

Stéphanie Roussel, pourquoi vous êtes-vous intéressée à la normalisation ?
A l’origine, en poste au SIAF, et plus précisément au bureau du contrôle et de la collecte des archives publiques, je représentais le ministère de la Culture au sein de la CN 46-11 sur les dossiers "records management". Cela m’a familiarisé avec le monde de la normalisation et fait comprendre ce qu'était une norme (texte de consensus…) et convaincue de l'importance de travailler sur des textes communs qui forment le socle des pratiques professionnelles au-delà du seul réseau des archives publiques que je connaissais jusqu'alors. Et puis lors du projet de réinformatisation des Archives Départementales des Bouches-du-Rhône dans mon poste suivant, j’ai piloté à la fois un cahier des charges et un produit reposant énormément sur les normes et de l'autre une équipe de professionnels encore largement à convaincre de l'intérêt d'utiliser les normes
Au SIAF, j'ai repris le bureau de l'archivage numérique, des normes et référentiels, avec vraiment un pilotage des aspects de normalisation pour l'ensemble des domaines archivistiques et tout particulièrement celui de l'archivage numérique qui est un domaine à haut degré de criticité et a donc besoin de se reposer sur un état de l'art fiable et donc des normes. C’est dans ce cadre que j'ai pris la présidence de la CN 46.
 
Pouvez-vous nous rappeler ce que recouvre la CN 46 et son rôle ?
La CN46, pour Comité de Normalisation 46, recouvre, au sein de l’AFNOR, l’Agence française de normalisation, le vaste domaine de l’information-documentation, et concerne les Archives, les Bibliothèques, les Musées et la Documentation (voir le détail dans l’article consacré à la CN46).
Au niveau CN 46, le patrimoine normatif est très étendu, avec 71 normes françaises et 114 normes internationales. Nos Comités accueillent un des experts, spécialistes de leur domaine. Et je voudrais également souligner le formidable travail réalisé par le secrétariat de l'AFNOR, qui est le soutien des experts et le garant de la transparence des processus et nous permet de travailler sereinement.
 
Quelles sont les tendances pour 2018 - 2019 ? 
Il y a beaucoup de travaux puisque nous menons près de 30 projets de normes "actifs" : nous procédons soit à la révision de ces normes, soit à l’élaboration de nouveaux textes. Dans les nouveaux projets, il y a le sujet de la Gouvernance de l’information décidé à Lisbonne. Et nous menons un autre très gros travail, c’est celui de la transition bibliographique dans le domaine des bibliothèques, avec la révision de toutes les normes de catalogages, et notamment la transposition de RDA (Ressources : Description et Accès) en France. Cela va considérablement faire évoluer les pratiques métiers, avec l’idée que le catalogueur, au lieu de produire, va gérer des métadonnées et des réservoirs de métadonnées, qui seront interconnectés entre eux. D’ailleurs le 29 juin prochain a lieu à la BNF une journée sur la transition bibliographique, avec possibilité de suivre la conférence en Streaming à partir du site de la BNF.

Est également en cours la révision des normes ISO 30 300 et 30 301 sur la gestion des documents d'activité, avec une volonté de développer la certification autour de ces enjeux.
Et puis nous souhaitons toujours mieux faire connaître le travail des experts : un webinar Depip [DEPIP - ISO 20614 DEPIP (Data exchange protocol of interoperability and preservation)] a eu lieu en mai, chaque année en juin a lieu une journée d’étude AFNOR-BnF, et enfin avec une promotion des travaux sur les réseaux sociaux tout au long de l’année. Le travail normatif est un travail de longue haleine : il est important de rester motivé et de recruter de nouveaux experts.
 
La CN 46 vient de se réunir à Lisbonne : quel est votre retour ? 
Au titre de présidence de la CN 46, je suis très satisfaite car, après Depip, norme française désormais portée à l'international, un nouveau projet de norme française va être porté à l'international [norme d'essai des papiers et des cartons pour la conservation des documents sur support cellulosique - PR NF Z40- 016]. D’autre part, le groupe gouvernance de l’information est porté par la France, et, enfin, nous avons eu à Lisbonne une très bonne représentativité avec une délégation d'une douzaine d'experts. (voir l’article de Pierre Fuzeau).
Ceci montre que la France est très active dans le domaine et a des choses à partager. A titre personnel, c’est toujours très enrichissant de rencontrer d'autres professionnels, d'échanger et de confronter les points de vue tout en touchant du doigt concrètement le travail du consensus et de la négociation, qui peut paraître long parfois mais est un gage de qualité des textes et de solidité.

Propos recueillis par Louise GUERRE
Présidente du Groupe Serda Archimag